Le château de Chenonceau accueille… Louise de Lorraine … la Reine blanche
Louise naît en 1553 dans le duché de Lorraine, sa famille appartient à une branche cadette de la maison de Lorraine, les Lorraine-Vaudémont. Elle reçoit une solide culture classique, à 10 ans elle est introduite à la Cour de Nancy. C’est une femme très jolie, fine d’esprit, douce et délicate. Elle croise son futur époux, Henri une première fois à la Cour de Nancy où il est de passage, il se dirige vers la Pologne où il a été désigné roi. Il l’a remarqué parce qu’elle ressemble à la femme qui l’adore, Marie de Clèves, épouse du prince de Condé.
Henri reste très peu de temps roi de Pologne, il est sacré en février 1574, son frère le roi de France meurt en juin 1574, il s’échappe alors en secret de Pologne, pour monter sur le trône de Charles IX. Lors de son trajet de retour Henri est reçu avec faste dans beaucoup de cours européennes. Une fois arrivé en France il souhaite faire annuler le mariage de Marie de Clèves mais celle-ci meurt un mois après. Malgré la perte de son aimée Henri III veut se marier pour éviter les tentatives de sa mère de lui imposer une femme, il repense alors à la jeune Louise de Lorraine qui ressemble à Marie, il lui envoie une demande en mariage. Son choix est assez critiqué parce que Louise est un parti modeste pour le futur roi de France. C’est un des seuls mariages célébrés non pas pour des intérêts politiques mais pour de l’amour. La cérémonie a lieu en 1575 quelques jours après le sacre du roi.
Le couple sera toujours très proche. Louise sera une des seules reines à être aussi proche de son mari. Il l’invite à l’accompagner à toutes sortes de cérémonies et de banquets, elle participe par exemple au banquet avec les ambassadeurs. Il est très rare pour une reine d’être associée à ce point à la vie de son mari. Ils s’aiment malgré les infidélités d’Henri qui essaie de les cacher pour ne pas faire souffrir sa femme. Leur mariage est stérile, Louise fait plusieurs fausses couches, pour autant le roi ne la répudie pas et ils espèrent encore en avoir. Louise est profondément amoureuse, elle souffre néanmoins des oppositions entre sa famille, les Guises (parente de celle-ci ) et son mari qui vont finir par avoir sa vie, il se fait assassiner en 1589.
À sa mort sa femme est désespérée, elle portera le blanc, couleur du deuil des reines ce qui lui vaut le surnom de reine blanche. Sa belle-mère lui a légué quelques mois avant la mort de son mari le château de Chenonceau elle y restera 11 ans. Elle refait la décoration de sa chambre, qu’elle transforme pour le deuil et la prière. Elle repeint les murs en noir et argent, les tentures sont elles aussi noires et argent. On retrouve pleins d’objets funèbres, une croix, des cornes d’abondance qui pleurent des larmes, la pioche et la pelle de l’inhumation. Chenonceau sombre dans le calme et la tristesse d’une reine qui a perdu son être aimé. Louise se consacre à la prière, elle prit pour son mari. Elle fait même venir des nones capucines qu’elle installe dans les combles de Chenonceau qui deviennent un véritable couvent.
Louise de Lorraine va se battre pour punir les coupables de l’assassinat. Elle s’adresse directement au pape et à Henri IV. Auprès du Pape elle demande la réhabilitation de son mari qui avait été excommunié par celui-ci après l’assassinat commandité par le roi du duc de guise. À Henri IV elle lui demande de punir les coupables mais celui-ci ne peut rien faire, la stabilité du royaume est précaire, il ne veut pas remettre le feu aux poudres mais il tente d’aider la reine douairière en lui octroyant une pension malgré cette pension, les rentes de la reine sont faibles pour éponger toutes les créances accumulées par Catherine de Médicis, elle est menacée d’expulsion, cette menace est levée pour service rendu à la couronne néanmoins Louise doit racheter le château ce qu’elle ne peut faire faute de moyens, elle lègue donc son bien à nièce la duchesse de Vendôme, Françoise de Lorraine, qui lui laisse l’usufruit. La reine meurt en 1601, le Pape ordonne de construire un couvent de capucines à Paris pour y enterrer la reine pieuse, sa dépouille sera transportée à Saint-Denis en 1817, dans la nécropole de la royauté française, pillée de ses corps pendant la Révolution Française.